Ce projet est né lorsque j’ai découvert une lettre que ma maman avait écrite à une amie avant sa mort.

L’attention qu’elle y a apportée, sa forme simple et colorée, qui soutient un texte rempli d’émotion, de souvenirs, de peurs, mais surtout d’espoir et de joie, m’a profondément marqué.

Ce film sera réalisé en son hommage. Entre le réel, les souvenirs et les songes, nous partagerons cet échange authentique et spontané. J’articule mon court-métrage autour de cette lettre et mets en images le voyage intérieur que son écriture a dû l’amener à réaliser. Cette fiction nous plongera dans la réflexion que l’annonce de la maladie a éveillé en elle. Avec ce film, je concrétise l’insistant désir de réaliser une œuvre en mémoire de ma mère et de son amour pour la vie. En outre, ce court revêt aussi une dimension très intime puisqu’il se nourrit de ma propre expérience de la maladie. Pour interpréter ce rôle, ainsi que celui du mari, ceux des enfants et des amis, j’ai le soutien inconditionnel de mes talentueux amis comédiens professionnels ou non.

Karina Testa interprétera cette femme face à la fragilité de la vie brutalement révélée par la maladie. Ses multiples expériences de comédienne dans des films et séries de genres différents tels que l’horreur (Frontier(s)), l’humour (Kaboul Kitchen) et le drame (Des poupées et des anges) me conforte dans ce choix. Elle se coulera à merveille dans la peau du personnage principal partagé entre la peur, la joie et l’espoir. Je ne cache pas mon impatience de travailler avec elle et de lui offrir un espace de jeu dans lequel elle exprimera toute sa sensibilité.

Dans le rôle du mari, François Delporte sera à ses côtés. François est plus connu pour ses dons de musicien (actuellement guitariste avec Ibrahim Maalouf) que pour ses talents d’acteur. Car, derrière un visage expressif, rayonnant d’un sourire contagieux, se cache un comédien insoupçonné qui ne demande qu’à être dévoilé. Ami de longue date, il m’avait impressionné par son interprétation d’enfant autiste dans un court métrage, lorsque j’étais moi-même un enfant. Je m’étais promis de travailler avec lui dès que possible. Ce sera bientôt chose faite.

Pour les rôles des enfants du couple, j’ai fait appel à mes petits neveux. Au-delà de leurs motivations, je suis certain que leurs joies et leurs espiègleries crèveront l’écran. De plus, ce sera pour eux l’opportunité de participer à un projet qui rend hommage à leur grand-mère qu’ils n’ont pas connue.

Dans les scènes d’amitié que je souhaite chaleureuse, pour entourer mon personnage principal, dans une ambience festive et joyeuse, j’ai réuni mes amis et ma famille pour exprimer cette convivialité que je recherche.

D’un point de vue visuel, mes références les plus importantes sont les films de Terrence Malick. La lecture de la lettre sera le fil conducteur d’un visuel puissant, articulé autour de trois atmosphères : le réel, les souvenirs et les songes. Chacun de ces espaces de narration aura une signature propre et forte.

Le réel sera l’élément le plus « réaliste » du film. Principalement tourné avec une focale standard, j’utiliserai majoritairement des gros plans et de la macro, à l’exception des plans d’introduction. Les flaires habiteront l’image dont les couleurs seront douces et assez neutres. Ces techniques me permettront d’isoler mon personnage, mettant l’accent sur sa concentration et le soin donné à l’écriture de la lettre.

Une ambiance plus chaude marquera les scènes de souvenirs. Selon les situations, l’éclairage sera contrasté, mais clair. J’utiliserai de courtes-focales, qui me permettront d’apporter de l’espace à mes personnages. Ces techniques confèreront à ces scènes une perception plus ouverte, et aérée.

Les séquences évoquant les songes demanderont plus de travail. La tonalité de la couleur changera au cours du film illustrant l’évolution de l’humeur du personnage d’abord froide et contrastée puis plus chaude et douce. L’utilisation de voiles et d’entrées de lumière dans le cadre, ainsi que des images optiquement brisées, accompagneront les moments de doute de mon personnage.

Le montage sera “cut”. Il laissera le temps à l’émotion de s’installer et à l’interprétation des comédiens.

La musique sera discrète et vivante, comme une respiration, à l’identique du montage, suivant le rythme de l’évolution du personnage. Les sons traduiront tour à tour les trois ambiances : réel, songes et souvenirs, dans des ambience différente.

J’ai la grande chance de tourner dans un havre de paix : la maison où ma mère a séjourné à plusieurs reprises pendant sa maladie . Perdue avec ses souvenirs, dans le petit village belge de Flénu, elle offre un cadre de fleurs et d’arbres en plein accord avec mon hommage. Je ne pouvais rêver mieux.

Les songes

Les songes